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Les yeux pourtant ouverts elle reste comme endormie, tournée vers son être intérieur. Des mots, des images, des pensées la submergent.
Depuis plusieurs mois qu’ils étaient enfermés dans une prison chimique, les reléguant au plus profond de son être, là où on ne peut ni les voir ni les entendre ; aujourd’hui que la barrière est ôtée, ils se sauvent en courant, sautant de joie et fusant dans chaque partie du cerveau, reprenant des chemins coutumiers et en retrouvant des oubliés.
Lilly est heureuse de se sentir envahie par ce flot déstabilisant. Il est le signe de la vie qui coule à nouveau en elle. Une vie qu’une barrière chimique et la douleur avaient réussi à mettre au point mort.
La porte de sa chambre s’ouvre, laissant passer un homme en blouse accompagné de deux demoiselles. Il lui pose les questions traditionnelles pendant qu’elles s’affairent autour d’elle. Puis se mettent à raisonner les paroles qui feront basculer sa conception de la vie à tout jamais :
« L’opération a duré 3h au lieu de l’heure prévue. C’était plus grave que ce qu’il n’y paraissait… Le moindre petit choc aurait pu vous être fatal, mais maintenant c’est terminé… Vous êtes sortie d’affaire… Si un jour vous souhaitez avoir un enfant, pensez bien à donner votre dossier, il faudra que vous soyez suivie l’ensemble restant très fragile. »
Cette vie, que l’on croit longue avec la fougue de la jeunesse, venait de lui montrer qu’elle peut être aussi éphémère que celle d’un papillon. Notre vie n’est ni le nombre de nos jours, ni nos projets futurs, mais plutôt qui l’on est un jour après un jour.